CINÉMA - Ava de Léa Mysius
Ava, c’est une brûlure, un récif, un désir, une urgence de
vivre.
Un besoin d’aimer et d’être aimée, envers et contre tout ce
qui pourrait nous empêcher de vivre pleinement ; la menace d’un chien qui
rôde, la police toujours présente, une mère volage et insidieuse.
Ava, personnage éponyme du premier film de Léa Mysius, est
une jeune fille de 13 ans, qui voit son champ de vision rétrécir jour après
jour.
Un film d’été au bord de la plage, filmé sur pellicule, ce
qui donne un grain si particulier à l’image et des couleurs vives mais déjà
mélancoliques, qui portent les marques du passé tout comme l’histoire qui se
déroule sur l’écran. Les plans sont composés de manière remarquable. Ce sont
des tableaux, des accumulations orchestrées d’objets et d’indices qui marquent
notre rétine par la sensibilité artistique et la beauté sauvage qui s’en dégagent.
Cet été, c’est celui de la première et dernière fois, un
interstice trop éclatant avant que le rideau noir de jais ne se referme.
Nous pourrions d’abord croire que cette voie est sans issue,
un traquenard qui ne peut être déjoué, la piste de sable chaud qui conduit vers
une mort des sens lente et douloureuse. Mais le scénario est bien tranché, deux
parties s’opposent et s’affrontent. D’un côté l’amertume d’une vie de famille
désordonnée et faussement heureuse ; de l’autre l’amour impossible, la
course folle, la liberté pour envoyer balader la fatalité crasse de la vie.
Et l’imaginaire, les rêves, les cauchemars, qui ponctuent le
récit comme des respirations esthétiques et oniriques, jusqu’à devenir folie du
réel.
Ava, une brûlure sous un soleil de plomb, une dernière danse
rythmée par la symbolique chanson « Sabali » d’Amadou et Mariam.
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