#CINÉMA: 120 battements de minute de Robin Campillo - ENTRER EN RÉSISTANCE





Caroline Guiela Nguyen, metteuse en scène et auteure, a dit dans une interview : « Il n’y a aucune raison de faire des spectacles, par contre il y a une nécessité à en faire, cette nécessité c’est à nous de l’inventer. ». 
C’est exactement ce que j’ai ressenti en sortant des séances de 120BPM : une urgence de raconter ce combat contre le sida, de transmettre cette histoire, de la confier avec brutalité et beauté aux nouvelles générations qui n’ont pas connu le début de l’épidémie. Passer le flambeau du militantisme pour comprendre ce qui a été fait, comprendre que quel que soit ce que nous voulons, rien n’est gagné et tout reste à faire. Parlez, agissez, faites de la place à vos convictions et à vos raisons d’être debout, présents, toujours…

On sort de ce film abasourdi. A terre. Sourd. Il faut du temps pour se sortir de ces personnages, de cette histoire qui nous a totalement happés pendant quelques heures intenses. Les moments où l’on prend de la hauteur et de la distance avec les actions, les scènes de groupe lors des réunions ou sur les scènes très intimes sont rares, quasiment inexistantes.
Nous sommes le groupe, nous dansons au rythme de la house music, les poches de faux sang jetés lors des ZAP nous frôlent, nous sommes assis avec les militants lors des réunions, à débattre avec fougue et hargne, et quand les corps s’aiment, renaissent de leur douleur et de la dureté de la vie, pour une nuit ou quelques minutes, nous sommes encore là, tout près, tapi(e) dans l’ombre. 



C’est un cinéma du corps, physique et jamais au repos. La caméra capture les paroles et leur donnent forme, les plans rapprochés nous montrent à la fois la réalité de la maladie, mais aussi et surtout la fureur de vivre qui les animent tous, quel que soit leur profil sérologique.
« Tous », « eux », ce sont les militants d’Act Up Paris, les principaux personnages de ce film. Certes, un zoom est réalisé sur les vies personnelles de Sean et Nathan ; cependant le collectif est présent tout au long du film. La force incroyable qui jaillit de ce film, qui se jette en pleine gueule des spectateurs, résulte de cette fresque dépeinte, des énergies folles qui circulent entre les acteurs et leurs personnages, inspirés des réels militants d’Act Up dans les années 90. Robin Campillo, le réalisateur, était alors lui-même membre d’Act Up. La ferveur communicative et l’électricité joyeusement dingue de cette histoire n’empêchent pas les larmes de couler. A la fin de la séance, au générique, la tension est à son apogée dans la salle. 

Une fois dehors, on ne sait si on peut enfin se relâcher, car un sentiment étrange nous sert, une boule se forme dans nos tripes. Un besoin vital… 
Celui de rejoindre ce combat, de s’engager, d’agir, de vivre pleinement et d’informer nos proches, nos amis. Conseiller ce film, bien sûr, le revoir, seul(e) ou entouré(e), mille fois !


Entrer dans la danse, entrer en résistance, pour la nécessité de vivre, d’aimer, de se battre, de militer. Agir pour ne pas mourir, car ACTION = VIE ! 
 


Commentaires

  1. Pas encore eu l'occasion de voir le film, mais je comprends ton sentiment car j'ai eu le même après ma lecture de D'un trait de fusain de Cathy Ytak, sur le sujet.

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    2. "D'un trait de fusain" est en effet un très beau roman !

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  2. Un film que je verrais sans aucun doute !

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