Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee

Je voudrais que tu comprennes ce qu'est le vrai courage. C'est savoir que tu pars battu d'avance, et malgré cela, agir quand même et tenir jusqu'au bout.

Auteur: Harper Lee
Edition: Le livre de poche
Année de parution: 2013 pour la présente édition, 1960 pour la première édition
Nombre de pages: 434
Prix: 6,60 €
ISBN: 978-2-253-11584-7

Synopsis:

Dans une petite ville d'Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.
Ce bref résumé peut expliquer pourquoi ce livre, publié en 1960 - au cœur de la lutte pour les droits civiques -, connut un tel succès et reçut le prix Pulitzer en 1961.

Mon avis: 

Ce roman, datant de 1960, est devenu un succès mondial et on en parle en particulier en ce moment car la suite sort en octobre, 50 ans après ! L'occasion de lire, ou relire, ce classique.

J'ai beaucoup aimé ce roman, car il est aborde un grand nombre de thèmes, en rapport avec l'enfance, la lutte pour les droits civiques des noirs, et donc la tolérance et le racisme: autant de thèmes qui ne sont pas si éloignés de notre société 60 ans plus tard... 

Le contexte historique est très intéressant, c'est une des richesses de ce roman: en effet, la lutte pour les droits civiques des noirs est au centre du roman.
D'autant plus qu'il se joint au contexte social, à la vie de ces petites villes américaines, de véritables micro-sociétés, régies par des codes qui ont, il me semble, beaucoup évolué depuis: la tante qui veut éduquer correctement sa nièce en tant que future femme au foyer...
Cette période de l'Histoire est passionnante: ces modes de vies sont tellement différents des nôtres
Cela me fait penser à "La couleur des sentiments" de Kathryn Stockett, car les Finch ont une servante noire, qu'ils traitent bien, contrairement à leurs voisins. 

Tout d'abord, j'ai eu un coup de cœur pour la narratrice, Scout, qui raconte 3 années de son enfance, à Maycomb, en 1930, dans l'Alabama. Cette petite fille aime jouer dehors, rire... Elle est perspicace, futée, et naïve comme une enfant peut l'être. C'est pour toutes ces raisons qu'elle est attachante, et elle insuffle une réelle vivacité au récit. Elle porte sur les événements un regard enfantin, apeuré, moqueur, ou bien très sérieux: la lecture est donc entraînante et attrayante!

La plume de l'auteure est très précise: l'histoire est exposée avec délicatesse et force de détails. C'est un style de plume qui ne plaît peut-être pas à tout le monde, car il impose à la lecture une certaine lenteur, mais que personnellement, j'apprécie: il me permet de me représenter l'ambiance du lieu où se passe le récit, et il me fait bien entrer dans l'histoire.
Cependant, j'ai été surprise par le niveau de langage soutenu, alors que la narratrice est une enfant... Cela s'explique par le fait que Scout a grandi lorsqu'elle raconte son enfance, mais cela crée un léger décalage.

Il n'empêche que décalage ou pas, on partage les impressions de Scout: étonné, amusé, son regard sur le monde des adultes et sur la société américaine est révélateur et rafraîchissant: elle dit ce qu'elle pense, sans le filtre que mettent les adultes sur leurs propos. 

Les histoires entre les enfants, leurs peurs, leurs découvertes sur le voisinage, leur perception des histoires des adultes, les répercussions de ces dernières sur leur vie sont passionnantes.

La famille Finch n'est pas une famille comme les autres: elle se distingue par les valeurs morales, antiracistes et anti-préjugés du père. Atticus est un pilier pour le roman, car c'est à partir de ce qu'il inculque à ses enfants que ces derniers grandissent, évoluent et comprennent la vie.

La scène au tribunal est un magnifique moment, très émouvant: le réquisitoire d'Atticus est poignant, criant de vérité. C'est mon moment préféré; c'est l'aboutissement du roman, le point d'orgue des luttes d'une famille, les Finch, d'un village, partagé, parfois même violemment divisé, et finalement le symbole, même modeste, d'une histoire américaine tourmentée.

Atticus est LE personnage que j'ai préféré dans ce roman, pour toutes les raisons que j'ai citées ci-dessus. 
Et donc, pour lui, pour Scout, Jem,  j'attends avec impatience "Va, et poste une sentinelle", le second roman d'Harper Lee qu'elle a en réalité écrit avant "L'oiseau moqueur".
Cependant, je viens de lire un article dans Télérama (n°3428), p.36-39, sur "Ce que taisait l'oiseau moqueur"... Autant vous dire que ma joie s'est bien assoupie après cette lecture, et après toutes les révélations que contient l'article. Atticus qui devient raciste, ce n'est pas possible! 
Mais je compte bien lire cette "suite", pour, premièrement, me forger un avis personnel, et surtout car ma curiosité a été attisée: j'ai hâte de retrouver Scout, et de voir ce qu'a pu écrire H.Lee!


En conclusion, c'est une excellente lecture, différente de mes habitudes, mais très intéressante. J'ai particulièrement aimé Scout, Jem, leur vie d'enfant, car elle n'est pas si éloignée de la mienne; j'ai donc pu me retrouver dans beaucoup de leurs interrogations.
C'est pour moi un roman qu'il faut absolument découvrir, car il apporte, à travers différents regards, des informations cruciales sur la lutte pour les droits civiques des noirs, ce qui est réellement passionnant! 
Un coup de coeur!


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