La langue des bêtes de Stéphane Servant



"S'il y a une seule vérité, une seule, elle est dans l'amour que l'on se donne."
p.410

La langue des bêtes de Stéphane Servant
parution en 2015, 444 pages, éditons du Rouergue (collection Doado)
15,90 €, ISBN: 978-2-8126-0926-8
Service de Presse


Synopsis:

Il était une fois un vieux chapiteau de cirque à l'orée d'une forêt sombre et profonde: c'est là que vit la Petite avec sa famille, une ancienne troupe de saltimbanques.
Depuis très longtemps ils ne donnent plus de spectacle, mais ils tissent autour de la gamine un cocon protecteur d'histoires et de légendes.
Un jour, un chantier gigantesque vient tout bouleverser: le  campement va être rasé et la Petite est envoyée à l'école du village.
Elle va alors faire appel aux forces obscures de la forêt pour tenter de sauver les siens.


Mon avis:

Ce roman fait partie de ces ouvrages si particuliers, si différents et si poétiques, que mes émotions s'embrument.
Ce fut une longue lecture, peut-être pas une des plus agréables, mais n'est-ce pas ce que ce genre d'histoires, étrange et magique, nous impose?
Une immersion dans un univers fragile et abrupt, entre ombre et lumière, à la frontière de l'imaginaire et de la magie noire, ne doit-elle pas être un point dérangeante?

Ce roman est une expérience, autant par la nature de l'intrigue, que par ce que ressent le lecteur. 
Une expérience comme celles que vivent les habitants du Puits aux Anges: Belle, le Père, Major Tom, Pipo, Colodi, la marionnette Gepeto, le lion Franco, la Petite...

Ces anciens saltimbanques ne se produisent plus devant un public depuis longtemps, et vivent à présent entre leur chapiteau percé, au bord de la forêt, entre des carcasses de voitures, et non loin du village.
Un jour, leur vie est bousculée: la Petite doit aller à l'école et se confronter aux autres enfants, et le terrain qu'ils ont élu pour domicile va être détruit.
Les histoires et légendes qu'ils avaient dressées entre eux et le monde comme un rempart s'en retrouvent perturbées.

Ce sont des personnages riches, variés, et inhabituels. Chacun d'eux a une histoire personnelle qu'on découvre et qui évolue au cours du roman, et une histoire commune, celle de ce cirque. La Petite est en quelque sorte le pont entre leur passé et le présent, son présent de petite fille qui grandit, et celui de cette grande famille.
Cette histoire fait part des fragilités de l'être humain, de la force des contes, et de cette mince frontière entre l'enfance et le monde dur et cruel des adultes.

Une expérience, donc. Pour ces personnages, l'expérience de la confrontation avec les autres, les villageois, ceux qui vivent pour l'argent, contre eux, qui vivent pour retrouver la langue des bêtes.
Pour le lecteur, une expérience littéraire étrange, lente et magnifique. C'est un récit tout en longueur et en description, une histoire contemplative et poétique. Il faut prendre son temps pour la regarder sous tous les angles, l'explorer: c'est en tous cas ce que nous invite à faire Stéphane Servant, l'auteur, par sa plume unique et fantastique.

Une lecture que je ne peux finalement pas qualifier, un roman que je ne peux pas noter, critiquer, mais juste développer et commenter... surtout me laisser emportée par ce tourbillon de poésie et des mots.
C'est au fin fond des bois que les mots prennent tout leur sens, là où l'imaginaire, en fait ce que nous souhaitons au plus profond de nous-mêmes, surgit lorsqu'on s'y attend le moins.



"Et c'est peut-être là qu'ils acquièrent leur vraie magie: quand nos propres mots nous submergent et font de nous des marionnettes de papier."
p. 245

Commentaires

  1. Eh bien ! On peut dire que tu donnes envie de découvrir ce livre *o*

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  2. Quand je lis ta chronique (très jolie au passage ^^), c'est exactement ce que j'imaginais en découvrant ce livre. J'ai d'autant plus envie de me jeter dessus du coup ! ;)

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    1. Oh super merci beaucoup! ^^ J'espère qu'il te plaira!

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