Les regards des autres d'Ahmed Kalouaz

"Quand on a peur, on ne croit plus en rien, ni aux belles choses, ni à ceux qui vous disent qu'ils vous aiment."
p.9


Les regards des autres d'Ahmed Kalouaz
parution le 3 février 2016, 95 pages, éditions du Rouergue (Doado)
9,20 €, ISBN: 978-2-8126-0995-4
Service de presse


Synopsis:

Au collège, Laure est la cible d'une bande de filles qui lui font vivre un enfer. Alors, elle rase les murs, encaisse en silence, sèche les cours, craint le pire même quand il ne se passe rien.
Un jour, pourtant, il lui faudra dénoncer ses bourreaux pour se sauver.
Les regards des autres est un roman fort et émouvant sur le harcèlement. Au travers du portrait de Laure, on comprend ce que vivent ces victimes, pourquoi elles se taisent, et comment réagir.

Mon avis:

Merci aux éditions du Rouergue pour cet envoi. C'est tout d'abord la couverture du roman, avant même de lire le résumé, qui m'a interpellée: une photo floue, fuyante, et terriblement attirante.

On suit Laure durant son année de troisième, une adolescente harcelée depuis sa sixième.  Elle se rend compte petit à petit qu'il faut qu'elle réagisse, que les agressions verbales et physiques qu'elle
subit au quotidien doivent cesser. Ce roman raconte cette prise de conscience et les réflexions qui l'ont amenée à agir, à son tour. Trouver la bonne personne, le bon moment, peu de temps avant que ça aille trop loin.

Cette histoire ne relate pas la vision que l'on peut avoir de l'extérieur lorsqu'une personne est harcelée, mais la vision de l'harcelée, et cela change tout.
En effet, l'ambiance générale du roman en est affectée. Les seuls amis de Laure ne sont pas très présents; elle parle avec un autre harceleur, elle craque de façon étonnante et poussée, par la fugue.
Je pense que certains de ces éléments de l'histoire, s'ils paraissent irréels, sont justifiés. Ce n'est pas une vie de collégienne qui est exposée, mais celle d'une adolescente victime de harcèlement qui tente de comprendre ce qui lui arrive et d'y remédier, en fuyant et en cherchant les réponses ailleurs.

C'est un roman extrêmement touchant dont on ne ressort pas indemne. En moins de 100 pages, Ahmed Kalouaz est parvenu à me retourner et à me faire ressentir les émotions de Laure, jeune fille en perdition, un personnage inqualifiable.
Il ne s'agit pas de s'attacher à ce personnage pour que le message du roman passe. Non, on comprend rapidement que cette histoire est différente, plus directe, plus forte, à la fois subtile et  évidente.

Le lecteur est entraîné dans les pensées de Laure, et dans son parcours long et tumultueux pour arriver à se redresser.
Si je devais faire un lien avec un autre ouvrage, ce serait avec 1,2,3...Foulard d'Eric Sanvoisin, car les sujets ne sont pas si éloignés, bien que le style de ces romans soit totalement différent.


Un court roman, unique en son genre et indispensable. 
Une véritable plongée dans l'enfer psychologique que vivent les adolescents harcelés.

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