La guerre des mercredis de Gary D.Schmidt


"Les sourires ne sont pas toujours là. Parfois la vie ressemble à Hamlet. Un peu effrayante. Incertaine. Une peu furieuse. En souhaitant arranger quelque chose qu'on ne peut pas arranger. Avec l'espoir que ce quelque chose s'arrangera tout seul, mais en se disant qu'un tel espoir est stupide."
p.343

La guerre des mercredis de Gary D. Schmidt
sortie le 20 janvier 2016, 384 pages, éditions L'école des loisirs (collection médium)
18,50€, ISBN: 978-2-211-21711-8
Service de presse


Synopsis:

S’il y a un élève du collège que Mme Baker, la prof d’anglais, ne peut pas voir en peinture, c’est bien lui, Holling Hoodhood. Chaque mercredi, alors que la moitié de la classe de cinquième est dispensée de cours pour se rendre à la synagogue, et que l’autre moitié va au cathéchisme à l’église de la paroisse, Holling Hoodhood, qui n’est ni juif ni catholique, est le seul et unique élève à rester en cours avec Mme Baker. Elle le lui fait payer. Cela fait plusieurs mercredis qu’il nettoie les tableaux, dépoussière les effaceurs, retire les toiles d’araignée, décrasse les fenêtres. Et voilà que Mme Baker s’est mis en tête de lui faire lire du Shakespeare ! Encore un stratagème pour le faire périr d’ennui. Pendant que Holling Hoodhood découvre La tempête et s’aperçoit que Mme Baker est moins mauvaise qu’elle n’en a l’air, l’histoire des États-Unis suit son cours. Robert Kennedy se porte candidat à la présidence, la lutte pour les droits civiques prend de l’ampleur, la guerre du Vietnam fait rage… Nous sommes en 1968, et l’Amérique s’apprête à vivre l’une des années les plus violentes de son histoire.

Mon avis:

Tout d'abord, je souhaite remercier les éditions L'école des Loisirs pour ce début de partenariat. Ces éditions me tiennent à cœur, car leurs parutions ont marqué ma vie de lectrice: les romans de Marie-Aude Murail, de Marie Desplechin, les "Quatre sœurs" de Malika Ferdjoukh... Ces romans sont toujours d'excellentes lectures: je peux à présent rajouter La guerre des mercredis à cette liste!
En effet, cet ouvrage est pour moi à la fois dans la continuité de tous ces autres romans: beau, puissant, émouvant, tout en étant en rupture avec la ligne éditoriale de ces éditions, en tous cas celles de mes lectures. C'était essentiellement des romans d'auteurs français, et traitant de la vie d'adolescents.

Dans cette traduction d'un auteur américain, Gary D. Schmidt, l'intrigue se déroule aux États-Unis en 1968, et elle est portée par une relation d'abord tumultueuse entre un élève et sa professeure, qui lui fait découvrir des classiques de littérature.
A l'image de la couverture, photographie en noir et blanc d'une autre époque, l'ambiance s'installe dès les premières pages; en particulier grâce à l'excellent Holling Hoodhood, personnage et narrateur de ce roman.
Ce garçon sensible dresse un portrait drôle, dynamique et tendre de sa vie scolaire et familiale, dans les années 1968. Le principal objet de l'intrigue est la relation entre Holling et sa professeure, Mme Baker. Jeune femme sérieuse et autoritaire, elle oblige son unique élève presbytérien à nettoyer la salle de classe le mercredi après-midi, pendant que les autres se rendent à la synagogue ou au catéchisme.

Mais rapidement, Mme Baker décide de lui faire lire Shakespeare: La Tempête, Le marchand de Venise, Roméo et Juliette... Holling commence son éducation théâtrale et poétique.
En parallèle, le personnage de Mme Baker s'humanise et révèle ses fragilités. Fragilités alors communes aux autres épouses américaines à cette époque: l'inquiétude de perdre leur mari pendant la guerre du Vietnam. Sans oublier les histoires entre élèves: amours, amitiés, et gros lourds. Ces derniers cas peuvent paraître vus et revus, mais "modernisés" par Gary D. Schmidt et éclairé par l'humour délicatement désopilant de Holling, ils deviennent exquis.
La société, la politique et plus généralement le monde des adultes, sont abordés avec la situation de Mme Baker, mais aussi et surtout avec celle des parents de Holling Hoodhood. Sa sœur, quant à elle, est adepte du Flower Power, ce qui constitue une source de tension avec son entourage.

Des situations moins légères que le reste du roman sont traités par notre jeune narrateur déjà bien mature, avec une gravité nécessaire, sans pour autant alourdir le récit.
Un tour de main littéraire vraiment réussi par l'auteur: une façon d'universaliser cette intrigue, de lui donner une certaine profondeur grâce à l'évolution de Holling.
En analysant et en s'identifiant aux classiques littéraires, la narrateur fait face aux complexités du monde extérieur avec une mélancolie contemplative, efficace et déterminée, qui l'aidera à se sortir et à sortir ses proches de quelques situations délicates.


La guerre des mercredis, ou comment traduire avec brio et humour le parcours initiatique d'un jeune garçon accompagné du théâtre, de la poésie et de l'Histoire des États-Unis en 1968.

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