L'écume des jours de Boris Vian - Inspirations littéraires Clémentine Beauvais #6

"A l'endroit où les fleuves se jettent dans la mer, il se forme une barre difficile à franchir, et de grands remous écumeux où dansent les épaves. Entre la nuit du dehors et la lumière de la lampe, les souvenirs refluaient de l'obscurité, se heurtaient à la clarté et, tantôt immergés, tantôt apparents, montraient leur ventre blanc et leur dos argenté."

p.174


L'écume des jours de Boris Vian
2008 pour la présente édition, Le Livre de Poche
6,90 €, 350 pages, ISBN: 978-2-253-14087-0


Synopsis:


Un titre léger et lumineux qui annonce une histoire d'amour drôle ou grinçante, tendre ou grave, fascinante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans.
C'est un conte de l'époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, féerique et déchirant. 
Dans cette œuvre d'une modernité insolente, livre-culte depuis plus de soixante ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d'un nénuphar, le cauchemar va jusqu'au bout du désespoir.
Seules deux choses demeurent éternelles et triomphantes : le bonheur ineffable de l'amour absolu et la musique des Noirs américains...

Mon avis:


Dernier article des "Inspirations littéraires Clémentine Beauvais" (vous pouvez retrouver les autres chroniques en cliquant ici) à l'occasion de la sortie, demain, de son roman en vers libre Songe à la douceur aux éditions Sarbacane.

L'écume des jours est un classique datant de 1947, que j'avais depuis longtemps envie de lire, après avoir vu l'adaptation cinématographique de Michel Gondry en 2013. 
Je me rappelle être sortie de la salle de cinéma vraiment déprimée ! Je ne connaissais pas encore ce roman, et l'ambiance du film m'avait mise mal à l'aise. En effet, les décors rapetissent, s'assombrissent, et en tant que spectatrice j'avais cette désagréable impression que le film m'enfermait dans son désespoir grandissant. Pour autant, j'avais été impressionnée par l'inventivité du réalisateur. Même si ce n'est pas un souvenir de cinéma joyeux, ce film m'a marquée et les images qui me sont restées en tête ont accompagné ma lecture.


Après le mariage de Colin et Chloé, tout se dégrade autour d'eux: la santé de Chloé est mise à mal par un nénuphar dans ses poumons, les dettes de Colin s'accumulent, leur appartement s’obscurcit mystérieusement...
Commence alors le déploiement  de moyens farfelus pour contrer le destin. Mais ce dernier les rattrape toujours, malgré les petits boulots de Colin, les innombrables bouquets de fleurs pour guérir Chloé, les voyages à la campagne...
Boris Vian fait basculer des gestes du quotidien dans l'absurde, les rendant drôles, émouvants ou juste terrifiants - à la limite de l'horreur.

Ce roman est dansant même dans les moments les plus glauques.
Au début, les lumières de la jeunesse, des fêtes et de l'amour baignent les pages d'un halo rougeoyant; puis au fil de l'histoire, comme un vinyle rayé, les mots tressautent, les personnages échouent et la luminosité diminue, diminue, jusqu'à nous serrer la gorge et à nous étouffer.
Je me suis sentie oppressée par ce roman, certes, découvrant des personnages toujours plus lugubres et malsains. Cependant, je n'ai pas eu l'impression que Boris Vian m'emprisonnait dans son univers comme j'avais pu le ressentir au cinéma.
A présent, les images que je me suis faites du livre s'imposent à moi et sont plus personnelles, plus intimes. 
En conclusion, ce sont deux expériences à vivre: parfois cauchemardesques, terriblement uniques !



Vous ne ressortirez pas indemne de cette lecture, la tête déboussolée par tant de néologismes, de poésie et de jazz !



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