Poèmes saturniens de Paul Verlaine - Inspirations littéraires Clémentine Beauvais #2
"-Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées !
Et qu'il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !"
Nevermore (Melancholia, II, dans Poèmes saturniens)
Et qu'il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !"
Nevermore (Melancholia, II, dans Poèmes saturniens)
Poèmes saturniens de Paul Verlaine
Première édition: 1866, édition personnelle: Grands textes classiques
148 pages, 10 francs (oui, mon édition est un peu ancienne), ISBN: 2-7434-0047-1
Synopsis:
Les Poèmes saturniens parurent en 1866. C'est le premier recueil de Paul Verlaine (1840-1896). Il les aurait écrits au lycée à l'âge de 16 ans, précédant, dans l'inspiration et le lyrisme, Rimbaud, qui sera son ami et démon. On y trouve déjà tout ce qui fera la fameuse "musique verlainienne", légère et sentimentale, l'art de ciseler la mélancolie, voir la tristesse de l'amour et du bonheur jamais atteints. Qualités et ton que l'on retrouve dans les délicieuses et fragiles Fêtes galantes (1869), un autre chef-d’œuvre de celui qui sera, malgré la déchéance de l'alcool, élu Prince des poètes par ses admirateurs et restera, son génie enfin reconnu, l'un de nos grands magiciens du verbe, et du vers...
Mon avis:
Cette chronique fait partie d'une série d'articles sur les inspirations de l'auteure Clémentine Beauvais pour son nouveau roman en vers libres, Songe à la douceur, qui sort en librairie le 24 août.
Plus d'informations sur la page Facebook du blog, en cliquant ici.
Ce recueil, regroupant à la fois Poèmes saturniens et Fêtes galantes, est celui que j'ai trouvé le plus compliqué à lire.
En effet, les textes sont denses, quelques-uns sont très longs, et les poèmes sont parfois de véritables histoires faisant appel à une culture littéraire... que je n'ai malheureusement pas encore !
Cependant, j'apprécie le recul que prend Verlaine sur son rôle de poète. Il explique au lecteur, dans l’Épilogue (III) des Poèmes saturniens, son travail de poète:
"Ce qu'il nous faut à nous, c'est l'étude sans trêve,
C'est l'effort inouï, le combat nonpareil,
C'est la nuit, l'âpre nuit du travail, d'où se lève
Lentement, lentement, l’œuvre, ainsi qu'un soleil !
[...]
Nous donc, sculptons avec le ciseau des Pensées
Le bloc vierge du Beau, Paros immaculé,
Et faisons-en surgir sous nos mains empressées
Quelque pure statue au péplos étoilé,
Afin qu'un jour, frappant de rayons gris et roses
Le chef-d’œuvre serein, comme un nouveau Memnon,
L'Aube-Postérité, fille des Temps moroses,
Fasse dans l'air futur retentir notre nom !"
Cette introspection sur son propre travail d'écrivain et de poète est une très belle façon de clôturer son recueil, et cela permet de mieux comprendre les rouages de ses poèmes !
C'est aussi une sorte de remerciement à sa Muse, à ses Idées, comme on peut le voir dans ces vers, qui se situent au début de l’Épilogue (II):
"Donc, c'en est fait. Ce livre est clos. Chères Idées
Qui rayiez mon ciel gris de vos ailes de feu
Dont le vent caressait mes tempes obsédées,
Vous pouvez revoler devers l'Infini bleu !
Et toi, Vers qui tintais, et toi, Rime sonore,
Et vous, Rythmes chanteurs, et vous, délicieux
Ressouvenirs, et vous, Rêves, et vous encore,
Images qu'évoquaient mes désirs anxieux,
Il faut nous séparer. Jusqu'aux jours plus propices
Où nous réunira l'Art, notre maître, adieu,
Adieu, doux compagnons, adieu, charmants complices !
Vous pouvez revoler devers l'Infini bleu."
Illustration pour Les fêtes galantes de George Barbier (1928)
Source: Pinterest
Pour finir, un poème que j'ai beaucoup aimé, dans le recueil Fêtes galantes.
Colloque sentimental
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
- Te souvient-il de notre extase ancienne?
- Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?
- Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve? - Non.
Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.
- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
- Te souvient-il de notre extase ancienne?
- Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?
- Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve? - Non.
Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.
- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
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